10/11/2015

Get Jiro: Blood and Sushi


Est-il nécessaire de présenter Anthony Bourdain ? Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, cet ancien cuisinier dans un restaurant français réputé de Manhattan, est devenu auteur à succès grâce à Kitchen Confidential, récit fictionalisé de sa vie trash à la sortie de la cuisine, puis présentateur télé avec la série No Reservations, ce qu'il est toujours aujourd'hui pour les séries (géniales) Parts Unknown et The Mind of a Chef dont il est également producteur. Mais ce boulimique d'activité, entre deux voyages, s'est aussi lancé dans le scénario de bd, sa première bd a été un succès gigantesque, plusieurs semaines parmi les meilleures ventes du New York Times. Le deuxième tome, Get Jiro: Blood and Sushi, prequel du premier, est sorti il y a quelques jours, je viens de le dévorer.


Le premier tome s'intitule Get Jiro. L'idée lui est venue un jour où un de ses amis, spécialiste en sushi, lui racontait combien voir des gens tremper le riz de leur sushi dans une piscine de sauce soja où, sacrilège suprême, était dilué du wasabi, lui donnait envie de prendre son couteau pour les trucider.


L'idée du personnage principal était là. Autour de Jiro (en hommage au Jiro du merveilleux film Jiro Dreams of Sushi à voir absolument), il fallait créer un monde. Bourdain se moque de tous les foodies en les imaginant régner sur le monde, toute autre forme de culture a disparu, il ne reste plus que les chefs et leurs adorateurs, dont deux seigneurs de guerre principaux à L.A.


Rose, ayatollah des locavores et le Chef de The Good Stuff, qui dirige une brigade gigantesque où tout le monde hurle "Oui Chef" à chaque parole divine et où peu importent les moyens pour acquérir les meilleurs ingrédients possibles. Moi qui croyais Bourdain carrément du côté brigade, je me trompais, tout le monde en prend pour son grade, les exagérations sont légions dans les deux camps, et plus il y en a, plus c'est drôle.

Je veux ce tshirt brocoli !

Jiro quant à lui tente de se tenir à l'écart de cette guerre ouverte, mais ils viennent le chercher... mal leur en prend.


Loin de moi l'idée de vous raconter l'intrigue, tout reste à découvrir, mais vous avez une idée du ton : c'est délirant, loufoque, gore, ça se moque de toutes les tribus foodies possibles et imaginables, et des dérives des chefs et autres business qui exploitent le filon.

Par contre, on ne se moque pas des sushis, ni du pot-au-feu, faut pas déconner.


Ce premier tome méritait les nombreuses éloges et le succès qu'il a reçu, et j'attendais avec impatience, mais appréhension, le deuxième tome. Bourdain avait déjà moqué la plupart des tribus, déjà parlé des aberrations de la folie foodie actuelle, allait-il pouvoir continuer sur ce ton-là sans lasser ? C'était oublier qu'il est brillant et toujours dans l'air du temps (lui qui se moque constamment des business autour de la bouffe est en train de monter un marché géant à Brooklyn, où on pourra acheter des produits ET manger, comme dans un marché asiatique, ou latino, il a tout compris et va faire fortune). 

Au lieu d'une suite, il nous propose un prequel. Comment Jiro est-il devenu ce maître sushi qui se planque en banlieue de L.A. et sait manier le sabre pour tailler les meilleurs morceaux de poisson et les gorges de ceux qui ne savent pas l'apprécier ?


Le dessin lui aussi a changé, moins comic, plus manga, plus cru, plus violent, plus graphique. Ce qui passe merveilleusement bien avec le nouveau décor : Tokyo. 


Jiro est le fils d'un mafieux, l'histoire est donc plus crue et encore plus violente que la suite. Mais la nourriture n'est pas en reste, on apprend rapidement qu'il est, en secret, l'apprenti d'un maître sushi, et qu'il a une copine à moitié italienne qui le convertit à l'art de la pasta. La gourmandise est sauve.


L'introduction sur sa passion pour les sushis met en scène le fameux Jiro (toujours du même film Jiro Dreams of Sushis) en tant que son maître.


Je résiste à vous raconter autre chose du récit pour vous laisser intact le plaisir de la découverte. J'ai adoré ces deux tomes, ces personnages, le graphisme, les mondes proposés, l'humour et l'auto-dérision de Bourdain qui transparait si souvent, son amour des bonnes choses sincères et sans chichi inutiles.

Ces tomes sont disponibles sur Amazon, en attendant désespérément de les trouver dans une bonne librairie en Europe, ils ne sont pas traduits en français (pour l'instant ?).

Faim ?
Un petit california roll ?

8 commentaires:

  1. c'est malin j'ai envie de sushi maintenant... faim ;-)
    Sophie202

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  2. ça donne envie ce petit côté Tarantino, allez, direct dans ma wish list de Noël !

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    1. Lire les deux, du coup dans l'ordre de l'histoire, vaut vraiment le coup !

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  3. Et je voulais ajouter tu es une mine d'idée pour les cadeaux de noël intelligents... Je sais exactement à qui celui-ci va aller
    merci!
    Sophie202

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    1. Et je confirme c'était une excellente idée cadeau, cher et tendre a beaucoup apprécié.
      Sophie202

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    2. Merci pour le feed-back très chère :-)

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  4. Mais de rien ;-)
    Tu sais ce qu'il me dit quasi systématiquement quand je propose au choix série/bouquin/film/truc culturel ou même jeux (oui les nanoblock on s'en souvient)...:
    "Elle en dit quoi Funambuline?"
    La Référence Suprême, c'est toi ;-P

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